Tirage Argentique couleur, RA-4 , Type-C, Chromogène, Lambda, bla-bla quel ch’ni(*) cette terminologie!

 

Illustration: RA4 Type-C le ch'ni de la terminologie

On m’a demandé une fois lors d’une présentation, comment il était possible qu’un tirage argentique noir et blanc de labo commercial puisse-être moins net qu’un tirage fait soi-même sous agrandisseur.

Dans les petits laboratoires commerciaux il n’y a pas de tirage fait sous agrandisseur, c’est désormais réservé aux laboratoires de renom dont l’activité justifie l’emploi d’un vrai tireur argentique à temps plein ainsi que l’investissement dans tout le matériel nécessaire à ce travail artisanal. En bref hormis dans les grands labos on ne trouvera aujourd’hui que des tireurs argentiques installés à leur compte.

Et un tireur pro qui tire moins bien qu’un amateur je n’y crois pas, de nos jours seuls les meilleurs ont survécus. L’explication la plus plausible pour cette situation c’est le tirage Lambda, mal fait.

Tirage LAMBDA ou LAMBDA Print

C’est quoi  cette bête ? Un tirage Lambda est réalisé à partir d’une image sur fichier numérique et tiré sur un vrai papier argentique en l’insolant grâce à des lumières laser en trois couleurs primaires Rouge-Vert-Bleu.   Idem pour le tirage Lambda noir et blanc.

Le nom du tirage provient du nom de la machine utilisée : « Lambda » est juste la plus connue. Il existe aussi LightJet qui utilise des lumières LED, ainsi que d’autres noms moins connus. Bref c’est toujours la même technique qui est utilisée : à partir d’une image numérique on insole un papier grâce à des toutes petites sources de lumières qui font office de point, un peu comme la notion de pixel  pour une image numérique.

Donc pour qu’un tel tirage soit moins net qu’un tirage argentique fait sous agrandisseur il faut que le machine ait été déréglée ou que la numérisation du négatif ait été bâclée, ce qui est fort probablement l’explication du piètre résultat évoqué plus haut.

Un tirage Lambda/LightJet utilise une sorte « d’imprimante à lumière » alimentée par du papier photosensible : du papier photo argentique. Ce papier une fois insolé dans l’imprimante va subir les étapes classiques du développement argentique, révélateur etc… jusqu’au rinçage et séchage. Le papier qui sort de la machine est un vrai papier argentique, d’où la confusion probable lorsqu’on ne sait pas ce qui se passe derrière le comptoir du labo.

Tirage ARGENTIQUE TRADITIONNEL ou TRADITONAL SILVER Print

Tirage argentique traditionnel : c’est un tirage entièrement analogique fait sous agrandisseur. Les spécialistes emploient rarement cette terminologie, je ne l’ai jamais entendu. Normal je viens de l’inventer ! Pourquoi ? Et bien car il n’existe aucune dénomination claire et officielle pour décrire un tirage couleur (ni noir et blanc d’ailleurs) fait sous agrandisseur. Seul les noms des procédures de développement ou les noms des papiers s’imposent.

On le savait la photographie c’est très orienté « matos »… pas question de faire entrer de l’humain là dedans… bref, passons…

Maintenant que ceci est clair revenons sur la nomenclature des tirages argentiques que l’on rencontre fréquemment :

Tirage CHROMOGENE ou CHROMOGENIC Print

Un tirage argentique couleur c’est un tirage à développement chromogène, on plus simplement un tirage chromogène. La chromo-genèse se produit dans l’émulsion lors du développement durant lequel des colorants sont libérés par des coupleurs situés dans la zone d’influence des cristaux d’halogénures d’argent (insolés lors de l’exposition et qui sont développés). C’est classe et savant mais en bref c’est la même chose : un tirage argentique couleur. Et puis surtout cela ne fait référence qu’à une caractéristique du développement.

On comprend mieux le problème car un tirage argentique couleur fait sous agrandisseur est un procédé de tirage à développement chromogène tout comme le tirage Lambda ! Comment faire la différence ?

Simplement en appelant un tirage Lambda un tirage Lambda sans le faire passer pour un tirage argentique traditionnel. C’est d’ailleurs la norme implicite comprise par tous, si on ne mentionne pas Lambda en parlant de tirage argentique alors on doit comprendre tirage argentique 100% analogique.

Un tirage Lambda est un tirage numérique chromogène. Plus classe mais pas plus clair, on entend quand même « numérique », alors on a toutes les alarmes du cockpit qui sonnent!

Tirage TYPE-C

Un tirage Type-C (parfois « C Print » en anglais) tient son nom du premier papier photo couleur à développement chromogène commercialisé par Kodak: le Type-C. A l’origine ce n’est donc que le nom d’un papier photo, ce nom est resté pour dénommer tous les papiers photo argentique couleur, ça rappelle un peu l’histoire de Frigidaire non?

Tirage TYPE-R

Un tirage Type-R est un tirage positif-positif. Il est effectué à partir de l’image positive d’un film inversible (une dipositive par exemple) et produit directement une image positive. Le tirage de Type-R le plus célèbre est le Cibachrome (ou Ilfochrome).

Tirage RA4

Le procédure de développement chromogène du papier photo couleur qui a donné son nom aux chimies qu’elle emploie s’appelle RA-4 chez Kodak. Et c’est encore une fois la dénomination qui est restée chez les utilisateurs, même en employant des produits d’autres fabricants. Kodak c’est un nom qui revient souvent en photo argentique, sa contribution historique au procédé photographique est indéniable.

Bien qu’étant le nom de la procédure de développement on appelle souvent les tirages  argentiques couleurs des tirages RA-4 ou simplement des RA-4. Après quelques heures passées dans le noir à biberonner un son jaja en attendant d’inspecter les tirages, on finira pas dire « passe moi l’râhquat’, hips »…

 

EN RESUME

Tirage Lamda = Tirage LightJet, ce sont des procédés mi-numérique, mi-argentique

Ilst sont donc différents du procédé de tirage sous agrandisseur 100% analogique, « à la mano »

Mais ils produisent tous des tirages chromogènes de Type-C développés selon le procédé RA-4

Donc attention à ne pas se faire abuser par la mention « tirage argentique »…

Je sais, des mots, des mots… mais se sont sur des mots qu’on fait des malentendus

 

(*) Bazar, et oui c’est un mot familier utilisé par nos chers amis francophones de la Confédération Hélvétique!  Amis suisses Bonjour!